
C’est une amie d’enfance, danoise, infirmière coordinatrice en oncologie pédiatrique, qui a malheureusement fait un AVC cet hiver, alors qu’elle a à peine 65 ans, qui m’a parlé de ce film.
Je l’ai donc vu à travers ses yeux : ceux où l’âpreté de la rééducation le dispute à la victoire d’une reconquête.
La marche : une sorte d’introspection

Les souvenirs reviennent et les flashbacks viennent nous en apprendre un peu plus sur cet homme qui a fait une chute mortelle en 2014.
Sylvain Tesson est un écrivain voyageur : ses pensées et ses phrases naissent au fur et à mesure de ses pas.
» J’ai marché trois mois à travers la France, sur les chemins les plus dissimulés possibles, les plus sauvages, les plus préservés. C’est une marche qui consistait à me relever de toutes mes blessures.
J’ai demandé à la marche de me rééduquer et de me permettre de me relever. »
» J’avais pris 50 ans en 8 mètres «

mais j’avais reconquis l’usage de mes jambes, je ne pouvais désespérer . M’était rendu l’essentiel, le droit de foutre le camp et de retrouver la fiancée qui ne déçoit jamais : la liberté ».
Tout le film est centré le marcheur qui doit et veut continuer. Il s’agit d’arriver vers la mer, vers la lumière. De s’éloigner des zones grises, de retrouver quelque chose de chaud, reprendre l’assurance dans son corps et recouvrer le moral.
Les quelques personnes qui apparaissent dans le film ne sont là que pour souligner la solitude désirée du marcheur ou donner une information, comme l’ami qui permet d’introduire le traitement anti-épileptique post-traumatique obligatoire, ou la soeur qui relate la frayeur de la famille au moment de l’accident.
» Je dois retourner dans le vivant «

Cet homme à qui l’on a dit qu’il était mort après une chute de huit mètres sur le sol, veut se réparer par le sol.
Il veut dormir avec le visage à l’est pour sentir la caresse du soleil lorsqu’il se lève. Il veut traverser une rivière jusqu’à mi-ceinture, plonger dans un lac malgré la température de l’eau. Il veut ressentir, être dans les éléments.
Denis IMBERT, le réalisateur, dit avoir filmer comme avec une caméra animalière : comme s’il s’agissait d’une bête blessée dont on ne peut s’approcher qu’avec prudence.
» Le chemin noir est un chemin spirituel «

» C’est la patrie que l’on a en-dedans de soi-même ; le silence, la mémoire, les souvenirs, les histoires, la lutte, la vie en fait « .